Les idées à l’endroit : Julien Freund et l’essence du politique

Cette édition des Idées à l’endroit, l’émission de TV Libertés préparée et présentée par Alain de Benoist, est consacrée au philosophe, sociologue et père de la polémologie moderne : Julien Freund.

Julien Freund s’est imposé avec son livre « L’essence du politique » et son oeuvre est traduite en près de 20 langues. Pour en parler, Alain de Benoist est entouré de l’essayiste Rémi Soulié et du professeur de sociologie à Montpellier, Patrick Tacussel.

Mai 68 a quelque chose d’une farce

Entretien à Philitt


Mai 68 évoque, pour les générations qui n’ont pas connu cet événement, une rupture historique qui, outre son aspect révolutionnaire, est à l’origine d’une nouvelle conception de la société, ouvertement anti-traditionnelle. Alain de Benoist, contemporain de Mai 68 et penseur hétérodoxe de la droite, revient sur ce moment annonciateur du désenchantement politique.

PHILITT : Aujourd’hui, ce que l’on commémore officieusement, ce sont les 50 ans d’un « événement ». Souscrivez-vous à cette conception événementielle de Mai 68 ?

Alain de Benoist : Le président de la République, Emmanuel Macron, a envisagé de commémorer Mai 68. On pourrait y voir là un paradoxe, mais ce serait apporter du crédit à une stratégie de communication, en matière de quoi il excelle. Ce serait surtout accorder du crédit à un événement que l’on a gonflé rétrospectivement. Il y a bien sûr une part de vérité dans la définition de Mai 68 comme d’un événement, mais elle est assez caricaturale. Mai 68 est en fait une reconstruction. L’on fait remonter toutes les transformations sociales ou « sociétales » à cet événement, si bien que « soixante-huitard » est devenu un adjectif qui ne va pas sans rappeler celui du « communard » qui luttait derrière les barricades. Or, la réalité est toute différente, essentiellement pour deux raisons. La première est que Mai 68 est moins un événement fondateur qu’un moment s’inscrivant dans une tendance plus profonde, déjà à l’œuvre dans la société. Ce que l’on désigne par « Mai 68 » n’est que la cristallisation de transformations qui opèrent depuis les années 1950, durant lesquelles se mettent en place les nouveaux modes de vie consuméristes des Trente Glorieuses (diffusion massive de la télévision, de l’électroménager…), ainsi que les innovations civiques et économiques telle que la place nouvelle que les femmes acquièrent dans la société. Qu’il y eût ou non Mai 68, les transformations sociales que nous avons connues auraient donc quand même eu lieu. Les autres pays européens, qui n’ont pas eu leur Mai 68, en témoignent : eux aussi ont pleinement intégré les nouveaux paradigmes sociaux du capitalisme libéral.
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Frappes en Syrie : « le grand perdant est évidemment Emmanuel Macron. »

Entretien accordé à Breizh-Info


Les critiques contre Emmanuel Macron n’en finissent plus de pleuvoir après sa décision de frapper plusieurs sites en Syrie avec les États-Unis et le Royaume-Uni.

Nous avons interrogé Alain de Benoist sur les conséquences de cette opération et son impact concernant la politique étrangère de la France. Voici sa réponse :

Alain de Benoist : C’est évidemment une absurdité. Il faudrait la qualifier de criminelle si elle avait abouti à l’escalade que beaucoup redoutaient. Il n’en a heureusement rien été. Les Russes, qui avaient été prévenus, sont restés l’arme au pied. Les bombardements n’ont fait aucune victime, ce qui montre que les locaux visés étaient vides ou désertés. Tout se passe comme si les États-Unis, l’Angleterre et la France s’étaient ravisés au dernier moment et avaient délibérément choisi de s’en tenir à une frappe symbolique. Beaucoup de bruit pour rien, mais une stupidité quand même.

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Macron es un liberal autoritario

Entrevista con Enric Bonet (ctxt.es)


Alain de Benoist (Saint-Symphorien, 1943) es uno de los escritores franceses vivos más controvertidos y con más obras a sus espaldas: de sus manos han salido más de un centenar de títulos. En la actualidad dirige dos revistas de pensamiento político, pero sobre todo se le conoce por haber sido el principal ideólogo del think tank que desde finales de los años setenta trató de renovar por completo el pensamiento de la derecha radical francesa: el famoso GRECE (Grupo de Investigación y de Estudios por la Civilización Europea). Sin éxito: tras haber sido muy influyente en los medios políticos de la extrema derecha, en las últimas décadas se le ha visto acercarse a posiciones de lo que hoy llamaríamos “la izquierda”. Actualmente confiesa no tener ningún tipo de afiliación política y rechaza con disgusto cualquier tipo de relación con el mundo identitario y de la derecha radical. Alain de Benoist recibe a CTXT en su casa de París para hablar de la actualidad política francesa y de su último libro El momento populista: la izquierda y la derecha se han terminado.

Usted ha escrito recientemente El momento populista: la izquierda y la derecha se han terminado. No obstante, después de lo ocurrido en los últimos meses en la política francesa, con la victoria de Macron y la crisis del Frente Nacional, ¿no cree que el momento populista se está acabando?

No, en absoluto. Escogí la expresión  ’momento populista’ porque me parecía que tenía dos ventajas : por un lado permitía decir que estamos viviendo un momento populista, y, por otro lado, que se trata de un momento, y, por tanto, que no va a durar eternamente. ¿Estamos al final de ese momento ? Yo creo que en absoluto, estamos en el corazón de ese momento. El populismo es el fenómeno que disimula una recomposición a gran escala del paisaje político en Europa. Y esta recomposición aún no se ha terminado. Cuando escribí este libro Macron ni siquiera había sido aún elegido, y mi sorpresa es lo rápido que está yendo la reconfiguración del espacio político francés. Lire la suite …

Arnaud Beltrame, un héros français

Entretien accordé à Breizh-Info


Breizh-info a interrogé Alain de Benoist sur l’actualité récente, qu’elle soit politique, géopolitique, littéraire, ou sociétale. Nous avons ainsi évoqué le dernier livre de Stephen Smith, la situation à Mayotte, les tensions entre les dirigeants de l’Ouest et la Russie ou encore les commémorations de Mai 68. Entretien.

Breizh-info.com (Yann Vallerie) : Tout d’abord, votre réaction à la mort du colonel Arnaud Beltrame et à l’hommage solennel qui lui a été rendu dans les milieux les plus différents ?

Alain de Benoist :  Pour ne pas répéter ce que beaucoup d’autres ont déjà dit, je m’en tiendrai à une seule observation. Dès l’annonce de la mort du colonel Beltrame, un mot a surgi qui s’est instantanément propagé sur toutes les lèvres : c’était « un héros », et plus précisément « un héros français ». Jamais comme dans les jours qui ont suivi, on n’avait autant parlé d’héroïsme et de tout ce qui caractérise le héros : le courage, le sens de l’honneur, la fidélité, le don de soi, le sacrifice, le goût de la mission, le service de la patrie. En un instant, le discours de l’idéologie dominante qui, depuis des décennies, fait assaut de dérision sur toutes ces valeurs « ringardes » parce qu’à l’éthique de l’honneur il cherche à substituer une morale humanitaire invertébrée, a paru s’effondrer et devenir à son tour dépassé.

En outre, à une époque où l’on préfère faire pleurer sur les victimes que célébrer les vertus héroïques, et bien que le colonel Beltrame soit mort égorgé, ce n’est pas d’abord en tant que victime, mais en tant que héros qu’il a été célébré. Je ne me fais évidemment pas d’illusion : l’idéologie dominante va chercher à réaffirmer son emprise dès que l’émotion sera retombée. Les « déconstructeurs », les rigolards et les petits malins vont revenir sur le devant la scène. Mais la façon dont l’opinion, quasiment unanime, a réagi n’en est pas moins profondément parlante, profondément révélatrice. Le peuple aime les héros. Il sait que le culte des héros, dont parlait Thomas Carlyle, lui vient du fond des âges. Instinctivement, il réalise que le bien commun s’ordonne à ce qui est beau, à ce qui est grand et à ce qui est fort. Il attend des exemples plus que de leçons. Merci au colonel Beltrame de nous avoir, grâce à son sacrifice, rappelé aussi cela. Lire la suite …

Pour les libéraux « occidentalistes », c’est plus que jamais la Bérézina

Entretien paru sur Boulevard Voltaire


Nicolas Gauthier (Boulevard Voltaire) : Une fois n’est pas coutume, il s’agit d’un tour d’horizon de l’actualité et non point d’un sujet spécifique. Que penser de la triomphale réélection de Vladimir Poutine, avec 76,6 % des voix dès le premier tour ?

Alain de Benoist : Je m’en réjouis, bien entendu. Mais le plus important, c’est de constater que les seuls concurrents de Poutine étaient les communistes de Pavel Groudinine (11,7 % des voix) et les ultra-nationalistes de Vladimir Jirinovski (5,6 %), tandis que l’unique candidat libéral, Ksenia Sobtchak, a décroché le score mirobolant de 1,6 % des suffrages : à peu près le score de Philippe Poutou à la présidentielle de 2017 ! Pour les libéraux « occidentalistes », c’est donc plus que jamais la Bérézina. Emmanuel Macron (24 % des voix au premier tour, trois fois moins que Poutine) se trouve maintenant face à un nouveau tsar en Russie, à un nouvel empereur en Chine, à un nouveau sultan en Turquie, tous trois au summum de leur popularité. Partie inégale. Lire la suite …

La grande transformation, plutôt que le remplacement…

Entretien accordé à Boulevard Voltaire


Nicolas Gauthier (Boulevard Voltaire) : Le « Grand Remplacement », concept forgé par l’écrivain Renaud Camus, connaît un indéniable succès dans certains milieux. Vous êtes pourtant réticent à l’employer. Est-ce parce que vous le trouvez trop « conspirationniste » ?

Alain de Benoist : Pas du tout. Et je ne suis pas, non plus, surpris du succès de cette expression, bien propre à frapper les esprits, qui évoque aussi le Grand Dérangement dont furent victimes les Acadiens entre 1755 et 1763. Je suis seulement soucieux du sens des mots. Remplacer une population, cela signifie qu’on l’enlève pour la faire disparaître et qu’on la remplace par une autre (c’est, précisément, ce qui est arrivé aux Acadiens, qui furent déportés notamment vers la Louisiane). En France, aujourd’hui, ce n’est vrai que dans des endroits bien circonscrits, par exemple lorsqu’une banlieue se vide entièrement de sa population d’origine européenne pour être remplacée par une population d’origine étrangère. Mais, même dans ce cas, la population touchée par le « white flight » ne disparaît pas, elle s’éloigne pour aller vivre ailleurs. À l’échelle du pays, il n’y a pas, à proprement parler, de remplacement. En revanche, il y a un continuel apport extérieur qui transforme la population d’origine européenne, qui modifie son pool génétique, ses habitudes sociales, sa façon de vivre, sa manière de voir le monde, ses valeurs spécifiques, etc. Cette transformation n’est pas une mince affaire, elle est même d’une importance capitale, mais ce n’est pas, au sens propre, un remplacement. La population française n’est pas remplacée, mais elle est peu à peu transformée. C’est pourquoi je parlerais plutôt de « Grande Transformation ».

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