5 thoughts on “Interdit d’interdire numéro 44, invité : Alain de Benoist”

  1. En écoutant cette émission animée par Frédéric Taddeï (naguère « autorisé » sur France 2, avant que certaines bonnes âmes, sans aucun doute libérales, aient tenu à l’en expurger…), je me suis rappelé un récent article de Jack Dion, éditorialiste dans le magasine « Marianne ». Ce dernier, dans un billet d’humeur intitulé « Le complot, amalgame » s’en prenait à un article, paru la semaine précédente, de Pierre-Antoine Delhommais, éditorialiste / économiste – ô combien libéral ! – dans le magasine « Le Point ». J’en cite certains passages :
    « Les causes les plus nobles peuvent servir les dessins les plus vils. A preuve la dénonciation de l’antisémitisme dont on a vu revenir le museau repoussant là où on l’attendait pas, infiltré au sein des « gilets jaunes ». Pierre-Antoine Delhommais, éditorialiste du « Point », en a tiré une leçon simple et définitive : « l’anticapitalisme nourrit l’antisémitisme » / … / On a commencé par dire que l’antisionisme menait forcément à l’antisémitisme / … / maintenant, on explique que le simple fait de dénoncer la mondialisation néolibérale revient à border le lit des antisémites. …  »
    Cette réaction de Jacques Dion me paraît bien repérer une nouvelle petite musique, très déplaisante, et qui monte doucement. Le simple fait de remettre en cause les bienfaits de l’idéologie libérale par rapport aux peuples qui lui sont soumis vaut aux auteurs de cette remise en cause des accusations de plus en plus infamantes : « la bête immonde », « idées nauséabondes », etc, etc. Le fait que l’auteur de « Contre le Libéralisme » ne soit pas invité – pour y parler simplement de son livre – sur les médias classiques, traditionnels, « officiels », est sans doute l’indicateur d’un sentiment de panique et de colère de la part des instances et des puissances en place dans ce pays. En effet, comme l’actualité abonde désormais, et de plus en plus, en exemples d’exténuation, et de révolte, des peuples d’Europe contre les ravages de cette idéologie libérale qui les tue à petits feux, les « élites » en place commencent à s’en alarmer sérieusement. Pour elles il faut « faire barrage » ! Et il ne faut non seulement pas inviter sur les plateaux radios et TV ces intellectuels trop critiques de l’idéologie dominante, mais il faut même, en plus, culpabiliser leurs lecteurs en insinuant l’idée que toute remise en cause du (des) libéralisme (s) est une émanation perverse et répugnante des idées génocidaires du XXème siècle. C’est un signe d’affolement quasi « gramsciste » : si on perd le contrôle des esprits, alors là ça va plus aller du tout !

  2. La pensée « libérale » fait tous les jours des « progrès », à preuve aujourd’hui ces « 9 propositions » émanant d’un institut dépendant du MEDEF, en faveur d’une relance économique.
    Voici la proposition n° 9 :
    « Attribuer automatiquement un numéro SIRET à chaque jeune Français pour son SEIZIÈME anniversaire. »
    Sidérant mais authentique !
    Cette « vision du monde », où chaque individu humain, à l’aube de sa vie, devrait se considérer comme une entreprise, en concurrence avec tous les autres, à commencer par ses proches, a déjà été promue par les instances internationales. En 1992 le soit-disant Prix Nobel d’Economie (en réalité « prix de la Banque de Suède en mémoire d’Alfred Nobel) fut attribué à l’Américain Gary Stanley Becker, inventeur (!?) de la notion de « capital humain ». Il allait jusqu’à avancer l’idée que les membres d’une même famille devraient s’opposer entre eux dans ce cadre concurrentiel.
    Dans un autre (?) registre le Général Pierre de Quengo de Tonquédec, en page 3 de l’ineffable quotidien « Ouest France » se fait l’émule du Général de Villiers pour ce qui est des opinions politiquement correctes : dans un éditorial édifiant il ne souhaite rien moins que « L’ Eurafrique, rêve de grandeur de l’UE » (c’est le titre). Une seule humanité (peuplée d’entrepreneurs…sans doute) du Spitzberg au Cap de Bonne espérance…
    Les lecteurs du livre d’Alain de Benoist, ont, chaque jour avec l’actualité, matière à rêve ou à cauchemar !

  3. Incisif et pertinent cet éditorial, en première page, du Directeur de la Rédaction du « Monde Diplomatique » dans son numéro d’avril, qui vient de sortir, et intitulé « Le cordon sanitaire » :

    https://www.monde-diplomatique.fr/2019/04/HALIMI/59755

    Serge Halimi y explique comment les tenants de l’idéologie libérale, très inquiets des mouvements sociaux qui un peu partout contestent plus ou moins la domination intellectuelle de cette idéologie, essaient d’organiser une riposte moralisante et culpabilisante, espérant ainsi endiguer cette révolte des masses. Quelques extraits :

    /… /  » Ce qui a réussi contre l’extrême droite, les libéraux comptent le refaire contre la gauche. Ils
    cherchent donc à bâtir contre sa progression éventuelle un mur des valeurs qui la rendra suspecte
    à son tour. Et obliger ainsi ceux qui ne supportent plus les politiques du pouvoir à s’en
    accommoder malgré tout, tant seraient ignobles ses opposants les plus puissants.
    Le hasard faisant bien les choses, la calomnie d’une gauche devenue antisémite bourgeonne en
    même temps en France, au Royaume-Uni et aux États-Unis. Une fois la cible désignée, il suffit de
    trouver un jugement maladroit, outrancier ou abject sur la page Facebook ou sur le compte
    Twitter d’un des membres du courant politique qu’on veut déshonorer (le Parti travailliste
    britannique compte plus de 500 000 adhérents). Ensuite, les médias prennent le relais. On peut
    aussi s’employer à détruire un adversaire en lui imputant un fantasme antisémite qui lui est
    étranger — du type : la démocratie, le journalisme et la finance sont au service des Juifs — sitôt
    que cet adversaire formule une critique de l’oligarchie, des médias ou de la banque.  » / … /

    Et de s’en prendre plus loin à  » l’affabulateur préféré des médias « , BHL, assimilant – dans l’hebdomadaire « Le Point » – le député et journaliste François Ruffin à rien moins que … Lucien Rebattet, Xavier Vallat et Robert Brasillac réunis !

  4. Cet écho aux thématiques d’Alain de Benoist dans son livre « Contre le libéralisme ».
    Tous les repères sont sens dessus dessous, de plus en plus !

    https://www.marianne.net/debattons/billets/les-gilets-jaunes-le-symptome-d-une-nouvelle-ere

    par Denis Collin ( Docteur et agrégé en philosophie, co-animateur du site La Sociale, il est l’auteur de plusieurs ouvrages, dont Introduction à la pensée de Marx (Seuil, 2018) et Après la gauche (Perspectives libres, 2018 )

     » Les gilets jaunes : le symptôme d’une nouvelle ère »

    ( sur le site du magasine « Marianne » / publié le 28/03/2019 à 12:20)

    Un extrait :

     » Les marqueurs politiques et moraux traditionnels sont balayés par ce changement de période
    historique. Au-delà des politiciens qui ont su s’en emparer, se font jour nécessairement les
    aspirations à la défense de ce qui a constitué jusqu’à présent les cadres de la vie sociale, les
    cadres dans lesquels on pouvait revendiquer une vie décente. Le prétendu « populisme »
    recouvre une bonne partie de ces aspirations. Les citoyens veulent un État (et non une
    « gouvernance mondiale »), un État protecteur de la communauté nationale et apte à garantir
    la sûreté des perspectives de vie. Si le mot d’ordre du capitalisme absolu de notre époque est
    « familles, je vous hais ! », la famille assiégée pourrait bien apparaître de plus en plus comme
    « un refuge dans ce monde impitoyable » (Lasch). Les frontières nationales sont les murs qui
    soutiennent le monde, disait Hannah Arendt. Il devient urgent de retrouver un cadre plus
    limité que la mondialisation pour maintenir la possibilité d’un monde commun, ce qui
    n’apparaîtra paradoxal qu’à ceux qui n’ont pas compris que l’absence de frontières, c’est-à-dire
    l’illimité, produit le chaos. Des idées « de droite » deviennent ainsi des moyens de résistance à
    l’emprise croissante de la marchandise et du capital et des idées « de gauche » deviennent les
    revendications du capital transnational. Les réalignements politiques sont déjà engagés. Les
    réalignements intellectuels sont en cours. Dans ce moment où le vieux ne cesse de mourir et
    où le nouveau peine à émerger, le pire peut surgir. Mais aussi l’urgence du meilleur, tant est-il
    que les hommes font eux-mêmes leur propre histoire. « 

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